Fonds Communs et Urgences Humanitaires

Le Fonds central d’intervention d'urgence (CERF) et les Fonds de financement commun pour les pays (CBPF) sont des instruments de financement cruciaux fournissant un financement rapide et flexible là où l’on en a le plus besoin. Ils permettent une action humanitaire opportune, effective et fondée sur des principes en renforçant le leadership, la coordination et la cohérence des réponses aux situations d’urgence.

Au 30 octobre, le CERF avait alloué directement plus de 676 millions de dollars¹ à 43 pays.² Il s’agit du chiffre le plus élevé de toute l’histoire du CERF. Les CBPF ont alloué 607 millions de dollars dans 18 contextes de pays (voir tableau ci-dessous). Douze agences des Nations unies et (via l’OIM) 24 ONG internationales et nationales ont reçu un financement du CERF ciblant 65 millions de personnes. Ce financement inclut les personnes ciblées indirectement par les messages de la COVID-19, d’où ce montant élevé.

Les CBPF ont alloué un financement à 14 agences des Nations unies, 148 ONG internationales, 161 partenaires nationaux et 4 sociétés nationales de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge ciblant 88 millions de personnes.³ Le Coordonnateur des secours d’urgence a affecté le montant le plus élevé jamais enregistré à travers le créneau des urgences sous-financées du CERF : 225 millions ont été alloués pour soutenir la réponse à la crise dans 20 pays, par rapport à 200 millions de dollars en 2019 qui étaient déjà un record en soi.⁴

Le CERF et les CBPF ont été en première ligne de la réponse humanitaire mondiale à la pandémie en soutenant l’action locale et précoce. Les allocations relatives à la COVID-19 représentent 28 %, de toutes les allocations des deux fonds cette année. En 2020, les CBPF ont alloué un record de 39 % de toutes les allocations (236 millions de dollars) à des partenaires humanitaires locaux et nationaux (ONG nationales et sociétés nationales de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge). Il s’agit de la plus importante part du financement.

En 2021, la COVID-19 et les pressions sur la disponibilité de ressources démontreront la rapidité et l’agilité des CBPF et du CERF des modalités d’allocation et de versement, associées à la stabilité et à l’économe de leur administration. Les intervenants de première ligne continueront à recevoir un soutien dans la réponse à l’évolution des besoins sur le terrain grâce à des ressources opportunes, des dispositifs de surveillance efficaces et la flexibilité d’adaptation des programmes.

Réponse à la COVID-19

En 2020, le CERF et les CBPF ont placé un accent majeur sur l’assurance d’une réponse opportune à la COVID-19 tout en maintenant un soutien élevé à d’autres urgences. Ensemble, le CERF et les CBPF ont alloué 359 millions de dollars (28 % de toutes les allocations) dans 49 contextes de pays pour apporter un soutien à des partenaires humanitaires dans leur réponse à la pandémie. Ce montant incluait de nouvelles allocations et la reprogrammation de subventions existantes. Le CERF et les CBPF ont joué un rôle crucial dans la dispense d’assistance humanitaire de première ligne urgente. Environ 168 millions de dollars ont été alloués à des ONG internationales et nationales, à des sociétés nationales de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge et à d’autres partenaires locaux, directement ou en tant que sous-bénéficiaires de récipiendaires d’autres fonds. Cela a permis aux acteurs humanitaires de fournir une réponse rapide et localisées dans des secteurs clés comme la santé, WASH, la logistique et la protection, notamment contre la violence sexiste. Notamment, 7,9 millions d’unités d’équipements de protection individuelle (EPI), de trousses de soins de santé et de fournitures médicales ont été livrés. Les CBPF et le CERF ont également fourni des services de protection essentiels pour 550 000 personnes, notamment un soutien psychosocial, des conseils juridiques et des campagnes de sensibilisation à la protection.

Le CERF et les CBPF ont accru leur flexibilité et leur agilité en s’efforçant particulièrement d’apporter un soutien aux ONG. Les CBPF ont alloué 223 millions de dollars pour la réponse à la COVID-19, dont 65 % à des ONG partenaires comprenant 122 ONG internationales, 115 ONG nationales et 4 sociétés nationales de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge pour assister plus de 41 millions de personnes.⁵ A ce jour, le CERF a alloué plus de 215 millions de dollars pour la prise en charge des impacts humanitaires primaires et secondaires de la COVID-19 dans 48 pays.

Le CERF a piloté cinq innovations durant la pandémie :

1. Subventions globales mondiales des Nations unies. En février 2020, le CERF a effectué les premières allocations de subventions globales d’un montant de 95 millions de dollars. La fourniture de ressources directement à des agences des Nations unies au lieu de subventions spécifiques aux pays traditionnelle a optimisé la flexibilité nécessaire pour prioriser les programmes de pays cruciaux et alignés sur le GHRP.⁶ Des ressources ont été allouées à neuf agences des Nations unies entre février et mai 2020. Ce financement a soutenu des efforts vitaux dans 36 pays.

2. Financement d’ONG pour soutenir les intervenants de première ligne. En juin 2020, le CERF a effectué sa toute première allocation à des ONG. Il a acheminé 25 millions de dollars via l'OIM vers 24 ONG de première ligne pour la réponse au COVID-19 dans six pays en expérimentant une approche visant à fournir aux ONG un accès plus direct au financement du CERF. Un tiers des bénéficiaires étaient des ONG nationales. Les projets étaient concentrés sur les secteurs WASH et de la santé, y compris la santé mentale, la santé sexuelle et reproductive, la réponse et la protection contre la violence sexiste.

3. Financement destiné à soutenir la programmation relative à la violence sexiste. Pour la première fois, le CERF a affecté une partie des ressources de son créneau Urgences sous-financées (UDE) aux activités de réponse à la violence sexiste. La provision initiale de 5,5 millions de dollars sur l'enveloppe globale de 100 millions de dollars a eu un effet catalyseur : dans les 10 pays, près de 22 millions de dollars avaient été alloués à des projets dédiés à la violence sexiste et à des projets de santé contribuent à la prévention et à l'atténuation de la violence sexiste.

4. Appui à la programmation d’espèces en réponse à l'insécurité alimentaire croissante En novembre 2020, le Coordonnateur des secours d’urgence a alloué 80 millions de dollars à des programmes monétaires dans six pays⁷ enregistrant des niveaux sévères d'insécurité alimentaire exacerbée par la pandémie. La programmation d’espèces est l'une des modalités les plus rentables pour répondre aux besoins humanitaires

5. Flexibilité d’adaptation des projets du CERF. Depuis le début de la pandémie, le CERF a proposé un processus simplifié de demande d’extension de projets et de reprogrammation de fonds, si nécessaire, pour répondre aux environnements opérationnels incertains. Fin octobre, le CERF avait approuvé 15,6 millions de dollars de demandes de reprogrammation pour des activités liées au COVID-19 dans 30 pays.

« Alors que nous luttons contre la propagation de la COVID-19 dans des pays déjà confrontés à des crises humanitaires, le travail des intervenants de première ligne est plus important que jamais. Grâce à eux, les personnes qui ont désespérément besoin d'eau potable, de soins de santé et d'assainissement - les bases nécessaires pour combattre le virus – peuvent se les procurer, où qu’elles se trouvent ».

Mark Lowcock, 2020

Financement de l'action locale

Les CBPF encouragent une plus grande participation des organisations humanitaires nationales et locales à la prise de décision et à la réponse de première ligne. Cela comprend des mesures visant à promouvoir l'accès au financement direct ainsi que par le biais de programmes de sous-subvention, de partenariats et de consortiums.

En 2020, les CBPF ont alloué 236 millions de dollars⁸ à des ONG locales et nationales (39 % du financement total des CBPF), ce qui continue d'être la plus grande source de financement direct pour ces organisations. Cela représente une augmentation de 4 millions de dollars par rapport à l'année précédente où des ONG locales et nationales ont reçu 34% du financement total des CBPF. À noter qu’en 2020, le Fonds humanitaire transfrontalier syrien, a fourni 120 millions de dollars à des ONG locales et nationales et au Croissant-Rouge turc en 2020, représentant 73 % de son allocation de 165 millions de dollars cette année-là.

Soutien aux personnes les plus vulnérables et mal desservies

Pour la deuxième année consécutive, les CBPF et le CERF d'OCHA ont fait des progrès significatifs pour aider la communauté humanitaire à atteindre les personnes les plus vulnérables. L'appui aux programmes dans des zones gravement sous-financées a été encouragé. Il s'agit de l'éducation dans les crises prolongées et de la promotion de la participation des groupes affectés à la réponse et à la protection humanitaires, notamment les femmes, les filles et les personnes handicapées.

En 2020, l'égalité des sexes et le soutien à la protection contre la violence sexiste sont restés un domaine d'intervention important pour les CBPF. Les fonds communs ont alloué 390 millions de dollars - soit environ 65 % du total des allocations - à des projets visant à contribuer à l'égalité des sexes en prenant en considération les groupes d'âge. Ceci est conforme à l'évaluation du Marqueur de genre avec âge (GAM) de l’IASC.

Sur les 88 millions de personnes ciblées par les partenaires du CBPF, 47 millions sont des femmes et des filles (53 %).⁹ Les CBPF ont alloué 10,4 millions de dollars à des projets qui incluent des programmes sur la violence sexiste. Des exemples en sont la création de maisons sûres pour les victimes de violence sexiste à Wau, au Soudan du Sud, par l'ONG locale, Nile Hope, et des abris et une aide d'urgence aux victimes de violence sexiste en Syrie à travers l'ONG Caritas Liban. Les CBPF encouragent activement la participation des femmes aux dispositifs de gouvernance : dans les 18 fonds, les femmes représentent des ONG internationales dans 13 conseils consultatifs et des ONG nationales dans 12 conseils consultatifs.

Le genre est resté une priorité pour le CERF en 2020. Toutes les soumissions ont été informées par une analyse de genre, avec des données ventilées par sexe et par âge et elles avaient finalisé le GAM obligatoire. Sur les 65 millions de personnes ciblées par une assistance vitale par le biais du CERF en 2020, environ 50 % étaient des femmes et des filles.

Les exigences de quarantaine et les difficultés économiques dues à la pandémie ont conduit à une augmentation de la violence sexiste. Le CERF avait donc augmenté son soutien à la programmation de la violence sexiste en 2020, en allouant environ 60 millions de dollars à des projets axés sur la violence sexiste au 25 novembre par rapport à 30,2 millions de dollars en 2019. Pour la première fois, le CERF a réservé une partie de son enveloppe Urgences sous-financées à la programmation de la violence sexiste.

Dans les situations d'urgence, les personnes handicapées sont souvent parmi les plus vulnérables. Elles sont moins visibles pendant la phase d'évaluation, en partie en raison d'un manque général de données de base fiables et d'un manque de capacité technique sur la manière d'adapter les projets,¹⁰ et elles peuvent ne pas pouvoir accéder aux biens et services offerts par les organisations de secours (voir aussi la section 1 - « Focus sur : les personnes handicapées »). En 2019, le CERF et les CBPF ont commencé à suivre systématiquement les activités ciblant les personnes handicapées. En 2020, les projets du CERF ont ciblé 2,6 millions de personnes handicapées, tandis que les partenaires du CBPF ont soutenu 5 millions de personnes handicapées (environ 6 % de toutes les personnes ciblées) avec 5,4 millions de dollars destinés à des activités ciblées.

L'éducation est souvent négligée dans les situations d'urgence prolongées, les enfants manquant plusieurs années de scolarité difficiles à rattraper (voir également l’encart sur l’Education dans les situations d'urgence ). En 2020, le CERF a alloué 26,4 millions de dollars à des projets d'éducation d'urgence, bénéficiant à environ 7,4 millions d'enfants, par rapport à 15 millions de dollars en 2018 et 19 millions de dollars en 2019.Grâce aux CBPF, le secteur de l'éducation a reçu 20 millions de dollars en 2020 (plus de 3% de toutes les allocations). ), ciblant environ 660 000 enfants.

Le secteur de la protection a reçu 61 millions de dollars du CERF, soit le montant le plus élevé jamais enregistré en un an et près de 10 % du financement total du CERF. En conséquence, le nombre de personnes ciblées par l'assistance de protection vitale financée par le CERF a atteint 8,6 millions en 2020. Les CBPF ont alloué 60 millions de dollars aux activités de protection (10 % du total des allocations), ciblant près de 4 millions de personnes dans le besoin.¹¹ Les CBPF ont fourni en particulier 41 millions de dollars pour soutenir les activités de protection de l'enfance dans différentes situations d'urgence.

Action anticipative

OCHA et ses partenaires ont développé deux cadres d'action anticipative en 2020, couvrant les inondations au Bangladesh et la sécheresse en Éthiopie, et ont commencé à travailler sur des projets pilotes supplémentaires au Tchad et au Malawi. Ceux-ci font suite à l'élaboration du premier cadre d'action anticipative pilote en Somalie en 2019. En juin 2020, le Cadre pour la Somalie a été déclenché pour la première fois, le CERF fournissant 15 millions de dollars à six agences des Nations Unies pour une action anticipative dans cinq secteurs.¹² Cette action a soutenu 1,3 million de Somaliens avant la montée de l'insécurité alimentaire et les effets cumulatifs des criquets, des inondations et du COVID-19. Le financement et les actions préalablement convenus ont rendu le processus d'allocation, d'examen et de révision trois fois plus rapide que pour les précédentes allocations d'urgence plus lentes à démarrer.

En 2020, le Bangladesh est devenu le premier pays à utiliser le CERF pour une action anticipative dans une situation d’urgence soudaine. OCHA et ses partenaires ont réussi à intensifier un mécanisme d'action anticipative mis en place par le gouvernement du Bangladesh, la Croix-Rouge et le PAM. En juillet, 5,2 millions de dollars de financement du CERF ont été débloqués dans les quatre heures suivant le déclenchement, indiquant une forte probabilité de graves inondations le long de la rivière Jamuna et la nécessité d'aider 220 000 personnes à se protéger. Il s’agit de la libération de financement la plus rapide de l’histoire du CERF.

Le cadre éthiopien a été mis en place en novembre et est prêt à être activé lorsque les seuils de sécheresse et d'insécurité alimentaire sévère seront atteints.

Ces trois activations pilotes démontrent comment l'action anticipative peut être mise à l'échelle collectivement grâce à des partenariats solides entre les organisations de mise en œuvre, le leadership des Coordonnateurs résidents et des Coordonnateurs humanitaires des Nations unies et la collaboration avec les gouvernements nationaux.