Kalemie, RDC
Des femmes se sont fait sexuellement agresser en sortant du site pour personnes déplacées d’Elinya pour aller chercher de l’eau 5 km plus loin. De nombreuses femmes traumatisées cachent ce qui leur est arrivé par crainte de la réaction de leur époux. L’ONG Transcultural Psychosocial Organization apporte un soutien à ces femmes. OCHA/Alioune Ndiaye
Les contextes humanitaires touchent plus lourdement les femmes : 70 % d’entre elles sont victimes de violence sexiste dans les contextes humanitaires par rapport à 35 % dans le monde. Les crises humanitaires perturbent les réseaux familiaux et sociaux, modifient les rôles joués par les différents genres et brisent les structures de protection. L’inégalité existante des femmes et des filles risque d’être exacerbée encore davantage durant et après une crise.
Dans les zones de conflits, les adolescentes ont une probabilité 90 fois plus importante d’être déscolarisées que les filles ne vivant pas dans des environnements de conflits. 60 % de la mortalité maternelle évitable ont lieu dans des environnements de conflits, de déplacements et de catastrophes naturelles. Chaque jour, 507 femmes et adolescentes perdent la vie suite à des complications de grossesse et d’accouchement dans des environnements d’urgence.
La COVID-19 a fait davantage apparaître la pleine mesure de l’inégalité sexospécifique, ses incidences pour les femmes et les filles et leur exposition à la violence. Dans le monde entier, la violence domestique a été exacerbée par les mesures de quarantaine puisque les victimes et les survivantes sont confinées avec leurs agresseurs. L’UNFPA prévoit 15 millions de cas supplémentaires de violence sexiste tous les trois mois de confinement. La violence sexiste et l’égalité entre les genres ne sont pas synonymes et elles doivent être traitées comme des flux de travail distincts, mais la violence sexiste est associée à l’égalité entre les genres pour renforcer le besoin de prendre en compte les causes profondes de l’inégalité entre les genres par rapport à la violence sexiste. Pour parvenir à l’égalité entre les genres, les femmes et les filles doivent être protégées contre la violence sexiste.
Genre et violence sexiste (GBV) : vue d’ensemble
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La violence sexiste est une expression générale désignant tout acte dommageable commis contre la volonté d’une personne et basé sur des différences sexospécifiques socialement prescrites entre les femmes et les hommes. Cette expression comprend les actes qui infligent un préjudice et une souffrance physiques, mentaux ou sexuels, les menaces de tels actes, la coercition et d’autres privations de liberté. Ces actes peuvent se produire en public ou en privé. La violence domestique, le viol, le trafic, les mariages précoces et forcés, le harcèlement sexuel et l’exploitation et les abus sexuels sont certains des types courants de violence sexiste dans les situations d’urgence humanitaire. La violence sexiste est profondément enracinée dans l’inégalité entre les sexes et dans les rôles et les normes sexospécifiques. Durant les urgences humanitaires, les dynamiques sexospécifiques peuvent être affectées et les inégalités aggravées, en alimentant ainsi davantage les risques de violence sexiste pour les femmes et les filles. Tel est particulièrement le cas quand les protections de la famille et de la communautés ont été détruites en exposant les femmes et les filles à des agressions dans leurs rôles sexospécifiques comme aller chercher de l'eau, de la nourriture et des moyens de subsistance. Elles peuvent également être ciblées par des acteurs armés se servant de la violence sexuelle comme tactique de guerre, de contrôle et d’exploitation.
La prise en compte de toutes les formes de violence sexiste est une priorité dans les environnements humanitaires car de tels actes comportent des conséquences immédiates et constituent un danger pour la vie Les femmes et les filles handicapées sont exposées à un risque encore plus grand. Il est donc important que les acteurs humanitaires veillent à ce que leurs actions et leurs initiatives préviennent et atténuent la violence sexiste dès le début des situations d’urgence.
- Une femme sur trois dans le monde est victime d’abus physique ou sexuel une fois dans sa vie.
- Une femme déplacée interne ou réfugiée sur cinq vivant dans une crise humanitaire et un conflit armé a été victime de violence sexuelle.
Les femmes représentent la majorité des personnes intervenant dans le secteur de la santé et du travail social. Elles sont fréquemment appelées à prendre soin des membres de la famille, notamment des malades et des personnes âgées, ce qui les expose à un risque accru d’infection. Elles sont confrontées à d’autres effets d’entraînement de la pandémie : perturbation de l’accès à la santé sexuelle et reproductive ainsi que des moyens de subsistance en raison de leur manque d’accès aux ressources et/ou de la prévalence de l’économie informelle.
Soudan du Sud: collaborer avec les acteurs locaux pour lutter contre la violence sexiste
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La crise humanitaire et la pandémie COVID-19 ont accru la vulnérabilité des femmes et des enfants à la violence sexiste. Entre janvier et septembre, 6 295 incidents de violence sexiste ont été enregistrés. Deux lignes téléphoniques sans frais ont été établies dans tout le pays pour aider les survivants à la recherche d'une assistance rapide et confidentielle. Les hotlines indispensables sont gérées par deux ONG locales dirigées par des femmes, en collaboration avec les autorités nationales. Les lignes directes ont reçu près de 1 000 appels, principalement en milieu urbain. Pour faciliter l'accès à un groupe diversifié de la population vulnérable, des intervenants aux compétences linguistiques et aux expériences diverses agissent en tant qu'opérateurs fournissant une assistance à distance.
Les lignes directes ont permis un conseil préliminaire, une orientation et une gestion de cas à distance pour les survivants en détresse ou à risque de violence. Des appels téléphoniques de suivi, des visites à domicile et un soutien financier ont également été accordés aux survivants. 31% des personnes ciblées par les services de prévention et d'intervention en matière de VBG ont été touchées en 2020. La plupart des services d'intervention sont concentrés dans les États de l'Unity, de l'Équateur central, du Jonglei et du Haut-Nil.
UNICEF/Helene RyengInformations complémentaires
Source: United Nations
Source: UN Women
Source: UNFPA
Notes
- ActionAid On the frontline: Catalyzing women’s leadership in humanitarian action (p. 10), 2016 et OCHA, Données et tendances de l’humanitaire dans le monde 2016 (p.3)
- UNESCO, L’aide humanitaire pour l’éducation : les raisons de son importance, pourquoi il faut l’intensifier, 2015
- OCHA, Données et tendances de l’humanitaire dans le monde 2016
- UNFPA, Les nouvelles prévisions de l’NFPA prévoient un impact calamiteux sur la santé des femmes avec la poursuite de la pandémie de COVID-19, 28 avril 2020
- Nations unies, Egalité de genre au temps de la COVID-19, 2020