Les conflits et les hostilités combinés à la contraction économiques et aux défis de gouvernance continuent à dévaster les communautés et à augmenter les besoins humanitaires et de protection dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Plus de 12 millions de personnes déplacées dans toute la région, dont certaines plusieurs fois et confrontées à des risques de protection et à des violations des droits de l’homme, notamment la violence sexiste qui affectent particulièrement les femmes et les filles. La durée et l’escalade des hostilités dans certaines parties de la Syrie, du Yémen et de la Libye continuent de contraindre les personnes à fuir leur foyer et leur communauté en exacerbant les souffrances, les décès et les blessures des civils.
La crise économique, notamment la flambée de l’inflation et les pénuries de carburant dans plusieurs pays, exacerbe la sécurité alimentaire et la situation nutritionnelle déjà fragiles et érode les capacités d’adaptation des populations. Nombreuses sont les personnes qui recourent à des mécanismes d'adaptation négatifs comme sauter des repas, aggraver leur dette et marier leurs enfants pour répondre aux besoins de base.
En Syrie, malgré une stabilité relative le troisième trimestre, les prix alimentaires restent 90 % supérieurs à ceux de la première moitié de 2020 tandis que la crise du carburant et la dépréciation de la monnaie au Yémen continuent d’augmenter le prix des produits essentiels et d’affecter les services cruciaux et les interventions de l’aide. Les explosions dans le port de Beyrouth ont décuplé la pire crise économique qu’ait connue récemment le Liban. La livre libanaise continue à se déprécier, le chômage augmente, le prix des produits de base flambent rapidement et la menace de la faim plane sur les plus désavantagés. La malnutrition aiguë reste une caractéristique majeure avec un nombre croissant d’enfants et de femmes souffrant de malnutrition aiguë rapporté dans plusieurs pays. Cette situation affecte des parties du Yémen où les cas d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont augmenté de 15 %.
Moyen-Orient et Afrique du Nord : Aperçu des appels
La COVID-19 a eu un impact dévastateur sur les personnes, a étiré les systèmes de santé et d’autres services de base et intensifié les besoins humanitaires déjà élevés. Des années de conflits actifs dans la région ont décimé les infrastructures de base. Cette combinaison de facteurs et le ralentissement économique ont contraint les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à s’efforcer de suivre la vitesse de la pandémie, notamment l’absorption des cas confirmés dans les établissements de santé ou le maintien d’autres services de santé essentiels comme les vaccinations de routine. L’impact socioéconomique de la pandémie est encore pire ; elle a érodé les moyens de subsistance, réduit les envois d’espèces, augmenté le chômage et plongé les vulnérables dans une plus grande pauvreté.
Des millions de personnes comptent sur l’assistance humanitaire pour leurs besoins de base, notamment par des interventions transfrontalières. Mais les partenaires sont encore confrontés à des difficultés d’accès aux communautés affectées par des conflits, l’insécurité, les embargos et les obstacles bureaucratiques ; les mesures de confinement liées à la COVID-19 ont encore contraint l’accès – avec la flambée des taux d’infection, d’autres restrictions de mouvement sont attendues.
Évolution des personnes dans le besoin (2020 vs. 2021)
Les défis restent immenses pour les années à venir. Plus de 45 millions de personnes dans toute la région auront besoin d’une forme d’assistance. Si cette assistance n'est pas assurée, les conflits et la violence, l’instabilité politique et économique et l’insécurité alimentaire continueront à alimenter les besoins humanitaires et de protection dans toute la région.
Informations complémentaires
Source: OCHA
Irak
Analyse du contexte, de la crise et des besoins
Sur les 6 millions de personnes déplacées durant le conflit avec l’État islamique en Irak et au Levant(EIIL), 1,3 million d’entre elles restent déplacées internes avec des perspectives limitées de solutions durables. Nombre des 4,7 millions de retournés ont toujours des besoins humanitaires aigus qui compromettent la durabilité des retours. L’impact de la COVID-19, en particulier la perte de moyens de subsistance, a perturbé l’accès à des services et augmenté les risques de (protection contre la violence sexiste) et les besoins humanitaires des populations affectées par des conflits, en partie à l'extérieur des camps et dans les zones des retours.
Les déplacements prolongés ont continué en 2020. 90 % des personnes déplacées le sont depuis plus de trois ans, avec 1 % en moyenne d’entre elles retournant chaque mois. Quatre personnes déplacées sur cinq ne vivent pas dans des camps. Les principaux obstacles au retour sont les maisons endommagées ou détruites et le manque de moyens de subsistance t de services basiques dans les zones d’origine. L’insécurité dans les zones d’origine reste également un défi majeur aux retours.
Les options de solutions durables restent limitées. Les progrès réalisés dans l’amélioration de la situation dans les zones de retour au début de l’année ont été inversés par l’impact de la COVID-19. Cela a compliqué les efforts entrepris pour assurer des solutions durables aux déplacements et compromis les retours durables. La fermeture des camps dirigée par le gouvernement depuis octobre 2020 pourrait poser les personnes déplacées dans ces camps à s’installer dans des zones présentant des options limitée de vie en toute sécurité et en toute dignité.
Les besoins humanitaires sont devenus plus aigus. La COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités préexistantes des populations affectées par des conflits et les a incitées à avoir recours à des mécanismes d'adaptation négatifs. Dans les camps, les personnes déplacées sont devenues de plus en plus dépendantes de l’aide avec la perte de leurs moyens de subsistance en raison de la COVID-19. Les besoins aigus ont également augmenté dans les environnements hors des camps et le pourcentage de personnes déplacées à l’extérieur de camps présentant des besoins aigus est passé de 36 % à 45 % ces dernières années. 36 % des retournés sont aujourd’hui confrontés à des besoins aigus, par rapport à 28 % l’année dernière. En l’absence de solutions durables, sûres et dignes aux déplacements et en raison des effets combinés de la COVID-19, 4,1 millions de personnes déplacées et de retournés ont besoin d’assistance humanitaire dont plus de la moitié (2,4 millions de personnes) est confrontée à des besoins aigus.
Situation prévue en 2021 et au-delà
La situation est extrêmement instable en Irak en raison de la COVID-19 et du contexte politique et sécuritaire. La communauté humanitaire prévoir une réponse humanitaire souple pouvant s’adapter à l’évolution des circonstances tout au long de l’année.
La fermeture des camps de personnes déplacées a été un objectif des administrations irakiennes successives. En octobre 2020, le gouvernement a commencé à fermer plusieurs camps de personnes déplacées et prévoir d’en fermer d’autres dans les mois à venir. Des expériences précédentes ont démontré que la fermeture soudaine et prématurée de camps provoquait d'importants déplacements secondaires et qu'environ un-tiers des départs de camps donnait lieu à des retours improbablement durables.
Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)
La COVID-19 continuera d’avoir un impact sur la situation dans le pays. L’économie de l’Irak devrait se contracter de 9,3 % en 2020 et les taux de pauvreté devraient augmenter. Des millions de personnes pourraient finir par se tourner vers des mécanismes d’adaptation négatifs pour satisfaire à leurs besoins de base. La fourniture de services de santé essentiels est tendue et les familles n’y ont pas accès, notamment aux vaccinations et aux soins de santé maternelle et infantile, dans la même mesure qu’en 2019. On estime que 300 000 enfants risquent de ne pas être vaccinés, ce qui pourrait provoquer des flambées de rougeole ou le retour de la poliomyélite (éradiquée en 2014).
L’impact de la COVID-19 frappe particulièrement fort les populations affectées par des conflits mais il affecte aussi la population générale. En l’absence de filets de sécurité à l’échelle, un plus grand nombre de personnes pourraient plonger en-deçà du seuil d'urgence. La communauté humanitaire suivra de très près les niveaux de vulnérabilité dans tout le pays et prendra des mesures appropriées si les seuils d’urgence étaient franchis.
Priorités de la réponse en 2021
Le HRP 2020 de l’Irak ciblait 1,8 million de personnes. Il est prévu avoir atteint 1,4 million de personnes d’ici à la fin de l’année malgré d'importants défis en termes de circulation et d'accès. Le HRP a été adapté au début de l’année 2020 pour atténuer et répondre à l’impact de la COVID-19 et adapter la mise en œuvre du nouvel environnement opérationnel.
Le HRP 2021 de l’Irak ciblera 2,5 millions de personnes, notamment toutes les personnes déplacées dans des camps, les personnes déplacées à l’extérieur de camps ayant des besoins aigus, les retournés ayant des besoins aigus en accordant une attention à l’âge, au genre et au handicap. Les critères de ciblage restent donc les mêmes qu’en 2020. Toutes les personnes déplacées dans des camps ont reçu une assistance en 2020 mais il a été difficile d’atteindre toutes les personnes déplacées hors de camps et les retournés (atteintes respectivement prévues de 71 % et de 61 %). Suite à la fermeture de camps dirigée par le gouvernement, un plus grand nombre devraient s’’installer dans des environnements hors camps et la réponse devra s’adapter aux besoins aigus dans ces nouveaux endroits
En raison du nombre croissant de personnes confrontées à des besoins humanitaires aigus, le HRP 2021 de l’Irak sera résolument axé sur l’atténuation des souffrances et la possibilité pour les populations les plus vulnérables de satisfaire leurs besoins de base, la minimisation du recours à des mécanismes d'adaptation négatifs, l'accès aux services essentiels et à une vie en toute sécurité et en toute dignité.
La communauté humanitaire travaillera en étroite collaboration avec le Groupe de réflexion sur les solutions durables à la promotion de retours et de solutions durables pour les personnes affectées par des conflits et à l’amélioration de la situation dans les zones de retour avec les partenaires au développement et le gouvernement irakien pour répondre aux besoins à plus long terme.
Libye
Analyse du contexte, de la crise et des besoins
La Libye s’efforce de faire face aux effets du conflit armé en cours, aux crises économiques et de gouvernance et à l’impact direct et indirect de la COVID-19, ayant tous causé la détérioration des services publics et des moyens de subsistance des individus. La crise libyenne a une forte dimension de protection avec des violations du droit international en matière des droits de la personne et du droit international humanitaire, notamment la violence sexuelle liée aux conflits et de graves violations contre les enfants.
En raison du conflit armé qui s’est prolongé jusqu’en 2020, 417 pertes civiles avaient été rapportées en juin. Les bombardements aveugles ont égalé endommagé et détruit des établissements de santé, des écoles, des infrastructures hydrauliques et des habitations. Entre janvier et septembre, la Libye a enregistré 28 attaques d’établissements de santé, d’ambulances et de personnel médical qui ont causé la mort de huit personnes et en ont blessé 23 autres. Les conflits armés et l’insécurité ont continué à causer des déplacements durant la première partie de l’année. Un changement rapide des lignes de front en juin et en juillet a permis à des milliers de personnes de rentrer chez elles bien que la destruction de services de base et la présence de risques d’explosion soient encore des contraintes majeures faisant obstacle à des retours dans la sécurité et la dignité. En septembre, 392 000 personnes étaient encore déplacées dans tout le pays.
La Libye continue d’être exposée à un risque élevé de propagation de la COVID-19. Un sérieux obstacle à la réponse à la pandémie de COVID-19 a été la fragmentation de la gouvernance en Libye. En septembre, un plan national de préparation et de réponse pour la COVID-19 n’avait toujours pas été approuvé. La véritable ampleur de la pandémie n’est probablement toujours pas connue en raison de la pénurie de fournitures de dépistage de la COVID-19, d’établissements de soins de santé adéquats et de traçabilité des contacts.
La capacité à couvrir les besoins basiques, comme les logements, a été érodée par la crise économique en cours et par l’impact socioéconomique de la COVID-19. Au cours de l’année 2020, le pays a enregistré des coupures de courant et d’eau prolongées ainsi que des pénuries de carburant, qui ont encore affecté les moyens de subsistance et perturbé des services cruciaux. En septembre 2020, les restrictions de mouvement imposées pour réduire la propagation du virus avaient fait monter le prix d'aliments et de produits essentiels de 20 % par rapport aux niveaux antérieurs à la COVID et affecté négativement les moyens de subsistance possible des personnes affectées. Dans les groupes vulnérables, le chômage a augmenté avec 27 % des travailleurs migrants interrogés en août, par rapport à 10 % en février. De nombreuses femmes comptant sur l’économie informelle pour leurs moyens de subsistance ont été similairement affectées. De nombreux migrants et réfugiés, y compris des enfants, ont été exposés à des détentions arbitraires, à la violence sexiste, au travail forcé, à des extorsions et à l’exploitation.
Situation prévue en 2021 et au-delà
On estime qu’environ 1,3 million de personnes auront besoin d’une forme d’assistance humanitaire l’année prochaine, une augmentation de 40 % par rapport à 2020. Les besoins les plus élevés proviendront d’Alkufra, de Benghazi, d’Ejdabia et de Tripoli en raison de l’impact des conflits armés. Ces zones abritent également le nombre le plus élevé de population de déplacés, de migrants et de réfugiés. L’accord formel de cessez-le-feu, signé le 23 octobre, devant encore mis en œuvre, reste prometteur. Si le cessez-le-feu était accompagné de développements politiques et économiques associés, les déplacements internes diminueraient car les ménages se sentiraient suffisamment en sécurité pour retourner chez eux. L’accès à des services serait probablement amélioré, tout comme les revenus, spécifiquement du secteur pétrolier permettrait un investissement dans la dispense de services publics. Mais ces améliorations éventuelles pourraient toujours freinées dans un avenir prévisible par l’impact continu des cas de COVID-19 et les mesures de prévention imposées pour infléchir la courbe de propagation de la maladie.
Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)
Même avec une reprise optimiste du destin de la Libye, les besoins humanitaires resteront élevés à court terme au fur et à mesure de la matérialisation des accords sur le terrain et du rebondissement de l’économie. À long terme, certains groupes vulnérables devraient encore besoin d’une forme d’assistance humanitaire tant que des solutions durables n’auront pas été trouvées. Un plaidoyer devrait également rester nécessaire pour surmonter les obstacles culturels et la discrimination.
Priorités de la réponse en 2021
Les personnes déplacées, les retournés, les migrants, les réfugiés et les personnes non-déplacées, tous affectés par le contexte général de la Libye, resteront des groupes vulnérables prioritaires pour le HRP 2021. Un total de 1,3 millions de personnes ont besoin d’assistance et/ou de services cruciaux de protection. Sur ce nombre, 451 000 personnes les plus vulnérables seront ciblées par le HRP 2021. La communauté humanitaire internationale continuera à travailler avec les parties prenantes libyennes pour cultiver la capacité des autorités libyennes à diriger et à mettre en œuvre une protection et une assistance pour les personnes dans le plus grand besoin.
Le caractère central de la protection, de l’âge, du genre et de la diversité, ainsi que le renforcement des capacités, resteront au cœur de la réponse humanitaire. Les mesures de sauvegarde destinées à prévenir et assurer une protection contre l’exploitation et des abus sexuels seront renforcées. La gestion des données sera aussi une composante essentielle de la réponse afin de garantir que l’analyse des besoins et la planification soient centrées sur les personnes
Les besoins financier du HRP 2021 s’élèvent à 189 millions de dollars. Le plan viendra compléter les efforts de la Libye en insistant sur l’ renforcement de la coordination et de la collaboration de principe.
Territoire Palestinien occupé
Analyse du contexte, de la crise et des besoins
Une crise de protection prolongée se poursuit dans les Territoires palestiniens occupés, largement imputable à l’occupation continue, à la division palestinienne interne, aux violations continues du droit international et à l’escalade récurrente des hostilités entre Israël et les groupes armés palestiniens. L’année 2020 a vu une forte augmentation de la sévérité des besoins humanitaires sur tout le territoire palestinien occupé. Cette augmentation est due à la flambée de la COVID-19 et aux mesures prises par l’Autorité palestinienne en réponse à la menace d’annexer formellement certaines partie se la Cisjordanie. Ces facteurs continueront à causer une vulnérabilité et des besoins humanitaires dans le Tpo en 2021.
Le taux de mortalité de la COVID-19 reste faible selon les normes mondiales (77 personnes par million de personnes). Mais les mesures imposées pour contenir la pandémie (confinements récurrents, restrictions des voyages, fermetures d’écoles, réduction des activités commerciales et quarantaines obligatoires) ont porté gravement atteinte aux conditions de vie sur tout le Tpo. À Gaza, le chômage a atteint un pourcentage historique de plus de 49 % au cours de deuxième trimestre de 2020.
Est venue s’ajouter à cette situation la décision de l’Autorité palestinienne de mettre fin à presque tous les contacts bilatéraux avec Israël, entre mais et novembre, notamment le refus d’accepter les recettes des dédouanements qu’Israël collecte en son nom. Dans le contexte de ralentissement économique dû à la pandémie, cette décision a considérablement réduit la possibilité pour l’Autorité palestinienne de payer les salaires, fournir des services et maintenir des filets de sécurité sociale. À la mi-novembre 2020, l’Autorité palestinienne a indiqué qu’elle reprendrait sa coordination avec Israël mais les impacts n'ont pas encore été évalués et les dommages causés par cette interruption de six mois persistent encore. La crise financière de l’UNRWA reste un élément pouvant avoir des conséquentes humanitaire sur tout le territoire.
Une forte réduction des pertes humaines liées au conflit a été enregistrée en 2020. Mais l'usage excessif de la force par les soldats israéliens (exécutions ou graves blessures de Palestiniens) demeure préoccupant ainsi que l’absence d'obligation de rendre compte pour les violations du droit international. Les importantes pénuries de financement des organisations humanitaires ainsi que les limitations accrues de l’espace des interventions compromettent la capacité de la communauté humanitaire à répondre aux besoins croissants.
Situation prévue en 2021 et au-delà
L’économie palestinienne devrait s’être rétrécie de 2,6 à 7,6 % en fin d’année par rapport à 2019. Le pourcentage de ménages désavantagés dans la Bande de Gaza devrait augmenter de 53 à 64 % et plus que doubler en Cisjordanie, de 14 à 30 %. Cette toile de fond de détérioration générale des conditions de vie et le manque de coordination de la sécurité entre l'Autorité palestinienne et Israël risque de causer une augmentation de la violence, notamment une escalade des hostilités à Gaza au cours de l’année 2021.
Dans la Bande de Gaza, les 2 millions de Palestiniens vivant sous l’embargo israélien depuis plus de 13 ans ont été encore plus coupés du monde extérieur par les restrictions liées à la COVID-19 et l’arrêt de la coordination avec de graves impacts sur l’accès à des soins médicaux. Au même moment, les principaux facteurs de la fragile situation humanitaire restent en place sans évolution en perspective.
Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)
En Cisjordanie, les politiques et les pratiques affectant la Zone C, Jérusalem-Est et la partie sous contrôle israélien de la ville d’Hébron devraient se poursuivre en exposant les Palestiniens à un risque de transfert forcé et en provoquant une érosion des moyens de subsistance. Le développement économique restera freiné par l’occupation et les limitations d’accès des Palestiniens aux ressources foncières et naturelles et par un système à plusieurs niveaux de contraintes administratives, bureaucratiques et physiques, notamment la Barrière. nombre de ces contraintes sont associées à la présence de peuplements israéliens illégaux en vertu du droit international.
Sur tout le territoire, les personnes les plus vulnérables sont celles qui vivent dans des ménages désavantagés ou dirigés par des femmes ; les réfugiés palestiniens vivant dans des camps de réfugiés ; les enfants, particulièrement ceux âgés de moins de 5 ans ; la population âgée ; les femmes enceintes et allaitantes ; les personnes handicapées ; les petits cultivateurs, éleveurs et les personnes déplacées.
Priorités de la réponse en 2021
En 2020, les partenaires humanitaires chercheront à procurer une assistance à 1,5 million de Palestiniens dans le cadre du HRP. Mais, en raison de la flambée de COVID-19 sur le territoire, en avril, la plupart des activités habituelles du HRP avaient été reprogrammées pour répondre aux besoins créés par la pandémie. Globalement, 1,2 million de Palestiniens ont reçu une assistance humanitaire en 2020, notamment 300 000 personnes ciblées par le plan initial.
Les principales réalisations ont été l’allocation et la mobilisation de ressources. Elles ont couvert 94 % des fonds demandés pour le plan en répondant aux besoins WASH basiques des personnes les plus vulnérables durant la crise de la COVID-19. Le Fonds humanitaire pour le Territoire palestinien occupé a apporté un soutien rapide et souple aux interventions humanitaires répondant à la flambée de COVID-19 sur le territoire.
tPo : adaptation des réponses par un financement flexible
En 2021, on estime que 2,4 millions de Palestiniens auront besoin d’assistance humanitaire sur tout le Territoire palestinien occupé. La majorité d’entre eux, 64 %, vit dans la Bande de Gaza. Bien que ce total ne soit que légèrement supérieur aux estimations pour 2020 (2,41 million), le nombre de personnes présentant des besoins sévères a augmenté. Sur le nombre total de personnes dans le besoin, les partenaires humanitaires s’efforceront d’assister les plus vulnérables (1,8 million de personnes) avec un besoin de financement de 417 millions de dollars.
Leurs besoins seront pris en charge dans le cadre d’efforts multisectoriels visant à protéger les droits des Palestiniens vivant sous occupation, donner aux plus vulnérables un accès à des services essentiels et apporter un soutien à la capacité des Palestiniens à s’adapter aux effets de la crise tout en recherchant des solutions plus durables. Le HRP de 2021 maintiendra la place centrale de la protection comme une responsabilité partagée à l’échelle du système.
Syrie
Analyse du contexte, de la crise et des besoins
Après une décennie de crise en Syrie, les besoins humanitaires restent élevés et multiformes dans tout le pays. La crise demeure caractérisée par des hostilités causant des pertes civiles, la destruction d’infrastructures civiles et les violations du droit international humanitaire et du droit international en matière des droits de la personnes, des facteurs qui sont devenus de plus en plus localisés en 2020. La situation sécuritaire reste fluide, en particulier dans le nord-ouest de la Syrie (NWS) où un cessez-le-feu est en place bien que des violations aient été rapportées, – ainsi que dans des zones au sud dans le cadre d’accords de réconciliation locaux.
L’économie de la Syrie a connu un ralentissement sans précédent, exacerbé par des problèmes comme des années de conflit et la crise financière au Liban. La forte dépréciation consécutive de la monnaie syrienne à un niveau record a déclenché des augmentations de prix sans précédent de produits de première nécessité comme le pain et le carburant. La COVID-19 a été un autre facteur aggravant avec son impact négatif sur une main-d’œuvre déjà épuisée et le système de santé affaibli dans lequel seulement 58 % sont déclaré pleinement fonctionnels.
Ces dernières années, l'accès humanitaire déjà complexe est devenu plus compliqué ; le nombre de points de passage frontaliers autorisés par le Conseil de sécurité des Nations pour l’assistance et les fournitures des Nations unies a été réduit de quatre (en 2019) à un seul.
L’impact combiné de ces changements a eu une grande portée avec actuellement plusieurs facteurs de besoins. Les déplacements en masse causés par les hostilités ont diminué depuis mars 2020 mais les besoins vitaux restent disproportionnellement élevés dans les communautés déplacées. Plus de 1,5 million des 2,7 millions de personnes déplacées dans le nord-ouest de la Syrie s’abritent sur environ 1100 sites de « dernier recours ». Nombre de ces sites sont surpeuplés et l’accès à un abri, à de l’eau salubre, à des vivres et à un soutien sanitaire et psychosocial est inadéquat.
Des besoins aigus résultant du manque d’accès à des services de base, de moyens de subsistance et d’opportunités économiques, combiné aux niveaux élevés de destruction d’infrastructures civiles cruciales comme les établissements de santé, les systèmes hydrauliques et les écoles, sont également observés dans certaines parties des gouvernorats de Deir ez-Zor, d’Hassaké et de Raqqa, dans le nord-est de la Syrie ; dans le gouvernorat de Deraa au sud ; et dans les communautés d’accueil surchargées de Damas et de Damas Rural.
Dans toute la Syrie, le dramatique déclin socioéconomique a réduit le pouvoir d’achat et la disponibilité de produits et de services essentiels. Il a également limité les opportunités d’emploi en venant s’ajouter à la pauvreté croissante. Le panier alimentaire moyen coûte 247 % plus en octobre 2020 qu’au même moment en 2019. Ces tendances ont causé une forte augmentation de l’insécurité alimentaire – de 7,9 millions de personnes il y a un an à 9,3 millions de personnes en 2020.
Syrie : soutien psychosocial aux familles déplacées
Les conséquences « silencieuses » supplémentaires d’années de crise sont un niveau sans précédent des retards de croissance de 674 000 enfants âgés de moins de 5 ans (une augmentation de 37 % par rapport à 2019) ; l’aggravation de la morbidité due à des maladies non-transmissibles ; la violence sexiste (GBV) ; et les traumatismes psychologiques généralisés, en particulier chez les enfants. Un nombre plus important de familles sont obligées de faire des compromis inacceptables pour survivre, notamment en sautant des repas, en se surendettant et en se déplaçant de se déplacer préventivement dans des zones où une assistance humanitaire est assurés, comme les camps.
Le manque généralisé de moyens de subsistance et d’opportunités d’emploi, l’accès inadéquat à des services de base et l’insécurité alimentaire croissante sont devenus les facteurs principaux des besoins en privant des millions de personnes de la possibilité de répondre à leurs besoins fondamentaux de manière digne et autonome.
Situation prévue en 2021 et au-delà
Ces tendances devraient continuer en 2021 en causant une augmentation du nombre de personnes dans le besoin de 11,1 millions à une estimation de 13 millions en 2021. L’ampleur des besoins causés par les déplacements nouveaux et récurrents dépendra de l’augmentation éventuelle des hostilités dans le nord-ouest de la Syrie et ailleurs. La Syrie demeure une « crise de la protection » avec les besoins y associés par les hostilités, la contamination généralisée de risques d’explosion les traumatismes psychologiques, la violence sexiste et la séparation des familles.
Les retours devraient se poursuivre, dans la ligne des tendances observées en 2020. Même si un vaccin contre la COVID-19 devient disponible, le virus devrait se propager encore. Il épargnera peu de personnes mais de la manière la plus aiguë les personnes vivant dans des zones présentant une forte densité de population et/ou dans celles présentant une faible fourniture de services de base.
Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)
Priorités de la réponse en in 2021
Les acteurs humanitaires axeront donc les efforts de leur réponse multisectorielle sur les priorités suivantes en 2021 :
- Réponse aux risques de protection cruciaux, assurance d'évaluations des risques de protection informant toute la programmation humanitaire.
- Maintien des services de base cruciaux, notamment par la réhabilitation d'infrastructures civiles cruciales, avec une insistance sur l’atténuation de l’impact de la COVID-19 sur la santé des personnes et ses effets secondaires sur les moyens de subsistance, l’éducation et les besoins de protection.
- Intensification du soutien aux moyens de subsistance et à l’agriculture en réponse à l’insécurité alimentaire croissante.
- Amélioration de la malnutrition chronique des enfants âgés de moins de 5 ans et déficiences nutritionnelles des femmes enceintes et allaitantes par des interventions coordonnées sur la nutrition, la sécurité alimentaire, la santé et WASH.
- Prise en charge des besoins fondamentaux des ménages vulnérables des personnes déplacées, des communautés d'accueil et des retournés de manière aussi souple que possible, notamment en comblant les insuffisances d’assistance sur les sites de dernier recours pour les personnes déplacées, avec un accent particulier sur le soutien en hiver.
Pour accéder aux personnes dans le besoin, les intervenants humanitaires continueront à décupler et plaider en faveur de toutes les modalités de réponse transfrontalière et transversales. Les Nations unies estiment que 10,5 millions de personnes seront ciblées pour recevoir une assistance humanitaire en 2021. Il s’agit d’une augmentation de 9,5 millions de personnes pour un coût de 4,2 milliards de dollars, une augmentation de 10 % par rapport à 2020.
Informations complémentaires
Source: Humanitarian Insight
Source: Financial Tracking Service
Source: OCHA
Source: OCHA
Yémen
Analyse du contexte, de la crise et des besoins
Les besoins humanitaires ont continué à augmenter en 2020, provoqués par l’escalade des conflits et un embargo économique prolongé qui ont alimenté la crise économique en cours. La situation a été exacerbée par des pluies torrentielles, une crise de carburant, la menace de criquets pèlerins et la COVID-19. L’environnement opérationnel reste extrêmement restreint faisant obstacle à une intervention d’aide de principe et la réponse humanitaire a été paralysée par un immense déficit de financement. Les capacités des interventions humanitaires ont constitué une autre limitation. À la mi-2020, le Yémen était retourné à des niveaux alarmants d’insécurité alimentaire et de malnutrition aiguë. Toutes les indications laissent suggérer que la sévérité des besoins de grandes parties de la population est en augmentation. La COVID-19 est venue s’ajouter à l’insécurité alimentaire, essentiellement en raison des opportunités d’emploi limitées, de la diminution des revenus et des envois de fonds.
Les conflits se sont intensifiés au cours de l’année 2020 en causant des niveaux choquants de souffrance des civils. À la fin d'octobre, on comptait 47 lignes de font par rapport à 33 en janvier 2020. La guerre avait déjà causé une estimation de 233 000 décès, dont 131 000 de causes indirectes comme le manque de vivres, de services et d’infrastructures de santé. Les hostilités ont directement causé des dizaines de milliers de pertes civiles ; 3153 décès d’enfants, dont 5660 vérifiés au cours des cinq premières années du conflit, et 1500 pertes civiles étaient rapportées au cours des neuf premiers mois de 2020. Les attaques continuent sur des établissements protégés par le droit international humanitaires comme les centres médicaux.
L’économie du Yémen a subi d’autres chocs cette année en l’absence de stabilité macroéconomique. À la fin septembre, le rial yéménite était déprécié à un niveau recors de 850 YER (3,4 dollars) dans les gouvernorats du sud. Les réserves de change étaient taries et les envois de fonds par les Yéménites à l'étranger, la plus importante source de change, ont chuté de 70 % en raison du ralentissement mondial dû à la COVID-19. Près de tous les produits étant importés, les gens sont évincés des marchés, incapables de se procurer des articles essentiels. Les pénuries de carburant dans les gouvernorats du nord à partir de juin ont exacerbé la situation humanitaire, en réduisant les services essentiels et le transport de produits essentiels en réduisant l’accès à des opportunités de revenus et l’intervention humanitaire.
Entre avril et août 2020, les fortes pluies et les inondations ont dévasté les communautés en causant des morts et des blessures, en détruisant les infrastructures et les moyens de subsistance et en augmentant la propagation de maladies mortelles. Des dizaines de milliers de familles ont été touchées dont nombre d’entre elles étaient déjà déplacées. D’autres risques naturels menacent comme les infestations acridiennes qui devraient causer des dommages et la perte de cultures de base, d’animaux et de bétail pour une valeur de 222 millions de dollars.
Malgré certaines avancées réalisées avec les autorités pour surmonter les contraintes bureaucratiques, l’environnement opérationnel s’est encore rétréci en 2020. Depuis août 2020, quelque 19,1 millions de personnes dans le besoin se trouvent dans des zones difficiles à atteindre où les conflits armés et l’insécurité, les contraintes bureaucratiques et les obstacles logistiques se combinent souvent pour compliquer la dispense de l'aide. En octobre, la plupart des restrictions imposées par la COVID-19 ont été levées mais les obstacles préexistants concernant les restrictions de mouvement et les activités humanitaires continuent de faire obstacles à la réponse. Le personnel humanitaire continue à être détenu, harcelé et menacé et leurs visas arbitrairement refusés ou supprimés.
Avec seulement 50 % des 3,386 milliards de dollars demandés pour financer la réponse, des coupures drastiques ont été faites dans l’intervention humanitaire et 31 des 41 programmes cruciaux des Nations unies ont été réduits ou clôturés. Les agences humanitaires atteignent actuellement environ 10,7 millions de personnes par mois, une diminution par rapport aux 13,6 millions de personnes par mois au début de l’année.
Plus de 3,6 millions de civils ont été déplacés en raison de conflits, notamment au moins 158 000 en 2020. Certains niveaux les plus élevés de vulnérabilité sont concentrés sur les sites de personnes déplacées où très peu de services sont fournis. On estime que 422 000 migrants, demandeurs d’asile et réfugiés au Yémen sont exposés à des risques extrêmes et que 138 000 sont estimés dépendre totalement de l’aide. La COVID-19 a fait reculer ce groupe dont de nombreuses personnes ont été déplacées de force, détenues et soumises à des conditions inhumaines. Des millions d’entre elles sont bloquées et ont gravement besoin d’assistance.
Évolution des besoins humanitaires et des besoins financiers (2016 – 2021)
Les humanitaires s’efforcent de dispenser une réponse de principe effective et efficace mais les perspectives restent sombres. La dernière analyse (partielle) de l’IPC indique qu’en décembre 2020, la population confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire (phase 3 et au-dessus de l’IPC) augmentera de 2 millions à 3,2 millions de personnes (40 % des 7,9 millions de personnes analysées). En décembre 2018, un quart de million de personnes avaient plongé dans une crise alimentaire sévère avec le pire niveau de faim enregistrée dans les zones affectées par des conflits.
La malnutrition aiguë des enfants âgés de moins de 5 ans a atteint des niveaux record dans certaines zones. Plus de la moitié des enfants âgés de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë, soit plus de 9,5 %. La malnutrition aiguë sévère a augmenté de 15,5 % cette année, en exposant 100 000 jeunes enfants au risque de mourir sans traitement. Un déficit aigu de WASH est enregistré dans 54 districts et 46 districts sont exposés à un risque élevé du choléra. La COVID-19 représente un poids supplémentaire pour la fragilité du système de santé dont seulement 50 % des établissements sont fonctionnels. Cette situation n’a pas encouragé la population à rechercher un traitement pour d’autres maladies et problèmes mortels.
Situation prévue en 2021 et au-delà
En 2021, la situation se détériorera davantage et la sévérité des besoins devrait s’aggraver tant qu’il n’y ara pas de désescalade des conflits et une amélioration de l’économie et du financement.
Priorités de la réponse en 2021
En 2021, plus de 105 partenaires dans tout le Yémen prévoient d’assister 19 millions de personnes. La réponse priorisera : la lutte contre la faim en fournissant une assistance humanitaire et un soutien aux moyens de subsistance ; la réduction des flambées de choléra et de maladies infectieuses ; la fourniture de services essentiels aux familles déplacées vivant en situation d’urgence et dans des implantations pour personnes déplacées ; la protection des civils et le plaidoyer pour le respect du droit international humanitaire et la réhabilitation des infrastructures publiques pour permettre la dispense de services vitaux à la population.
Notes
- Bureau central palestinien de la statistique (PCBS), Enquête sur la main-d’œuvre, avril-juin 2020.
- Voir, Rapport du Haut Commissariat aux droits de l’homme, Ensuring accountability in the occupied Palestinian territory, mars 2020.
- Banque mondiale, Rapport économique au Comité de liaison ad-hoc, juin 2020.
- Les chiffres pour les personnes dans le besoin, les personnes ciblées et le besoins financiers sont en attente de la finalisation du HNO et du HRP 2021.