Depuis la flambée de la COVID-19, des intervenants d’urgence internationaux du monde entier se sont préparés à répondre aux chocs survenant pendant la pandémie. Il n’a pas été question de savoir « si » mais « quand » une catastrophe causée par l’homme se produirait et nécessiterait une assistance internationale.
Le 4 août, une importante concentration de nitrate d’ammonium s’est enflammée en causant une série d’explosions dévastatrices dans le port de Beyrouth. Les explosions ont détruit la plupart des installations portuaires et mis à terre les environs. Environ 200 personnes ont été tuées et plus de 6500 blessées en provoquant des besoins humanitaires immédiats et des conséquences à long terme.
Immédiatement après les explosions, des acteurs humanitaires locaux et internationaux ont commencé à soutenir les besoins basiques de milliers de personnes affectées en exploitant largement les capacités et les fournitures existantes. Les équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain (USAR) ont répondu à l'appel à assistance du gouvernement du Liban. Elles ont compté sur leur autosuffisance et sur leurs mesures de préparation à la COVID-19 durant la première phase de la réponse d’urgence.
Les explosions ont endommagé plusieurs hôpitaux et centres de santé et donc des patients supplémentaires de la COVID-19 auraient une pression encore plus forte sur les travailleurs et les ressources de la santé. Les équipes d’USAR ont été testées avant d’embarquer pour s’assurer qu’elles n’étaient par porteuses de la COVID-19. Elles sont restées dans leurs « bulles » sur place. Elles avaient apporté suffisamment d’équipements de protection individuelle (EPI) pour plusieurs semaines et elles ont respecté toutes les mesures de prévention de la COVID-19 dans leur travail de sauvetage avec les communautés affectées et les intervenants locaux.
Les secouristes se sont soumis à des tests de dépistage de la COVID-19 avant leur déploiement et à leur arrivée à l’aéroport de Beyrouth. Ils ont ensuite été mis en quarantaine pendent au moins deux jours en vertu des mesures du gouvernement. Le virus a incité les secouristes à être plus efficaces, plus innovants et mieux coordonnés pour s’assurer d’une exposition minimum aux personnes vulnérables. L'évaluation et la coordination des Nations Unies en cas de catastrophe (UNDAC) et les réseaux du Groupe consultatif international de recherche et de sauvetage (INSARAG) ont été activés à travers le Centre de coordination des opérations sur site d’OCHA où les équipes ont partagé leurs informations et mis à jour leur statut de déploiement. Les réunions ont été organisées à distance chaque fois que possible. La communication sur les besoins et la réponse s'est faite via des centres d’appel, les médias sociaux et des plateformes en ligne. Une complication supplémentaire pour les intervenants internationaux a été la quarantaine qui leur a été imposée de retour dans leur pays d’origine – dans certains cas, jusqu’à 14 jours.
Une équipe de 19 membres de l’UNDAC et 13 équipes USAR de 10 pays se sont déployées immédiatement après la demande du gouvernement et du Coordonnateur humanitaire. La première équipe de l’INSARAG est arrivée 24 heures après l’explosion. Les premiers jours et les premières semaines de la réponse, les équipes ont prouvé leur capacité à conduire des opérations de recherche et de sauvetage et à apporter un soutien crucial au gouvernement et aux partenaires.
Les équipes de l’INSARAG ont également apporté un soutien aux autorités locales en procédant à une évaluation des dégâts structures et de l’intégrité des bâtiments touchés, outre la détection de matériaux dangereux. Ce genre d’activités intervient quand les opérations de sauvetage ont pris fin. Elles aident les autorités et les communautés à retourner chez elles, dans leurs boutiques et leurs entreprises pour reprendre d’autres services.
Durant les trois premières semaines de la réponse, l’équipe de l’UNDAC s'est totalement intégrée au Bureau de pays d'OCHA. Elle a apporté son expertise et son soutien à l’Équipe humanitaire pays (HCT), au gouvernement et à d’autres partenaires humanitaires tels que la Croix-Rouge libanaise, dans des domaines comme la coordination intersectorielle, la cartographie et la gestion des informations, la coordination civilo-militaire, la logistique d’urgence et les télécommunications et la gestion des urgences environnementales.
L’appui au gouvernement a été unique en son genre dans la mesure où il est intervenu durant une pandémie. La rapidité de déploiement, la gestion des infections au virus et la capacité générale à apporter un soutien de sauvetage témoignent de la préparation et l’engagement des équipes internationales. Les explosions du port de Beyrouth donnent de précieuses leçons pour les futurs efforts en cas de catastrophe, en particulier durant le contexte de la COVID-19. La pandémie a présenté des défis uniques mais aussi des opportunités d’améliorer la communication, la collaboration et l’innovation dans la préparation et la réponse qui devraient devenir monnaie courante, au-delà même de la menace actuelle du virus.
Évaluation de la réponse de l’UNDAC et de l’INSARAG aux explosions dans le port de Beyrouth - aperçu
Facteurs du succès
- Déploiement rapide
- Diversité des experts en urgence et des compétences comblant les lacunes critiques dans la première phase de la réponse :
- Environnement
- Coordination civilo-militaire
- Évaluation et analyse
- Gestion de l’information
- Sûreté et sécurité
- Évaluation des dommages structurels
- Coordination interinsectorielle
- Logistique des situations d’urgence, notamment douanière
- Télécommunications en situation d’urgence
- Soutien à la santé mentale et psychosocial
- Partenariats de longue date avec les acteurs essentiels comme, par exemple, la Protection civile de l’UE, le Mouvement de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge, les clusters mondiaux, l’INSARAG, les groupes de réflexion.
- Flexibilité dans l’adaptation à un nouvel environnement d’urgence.
- Intégration dans le Bureau de pays d’OCHA
- Préparation et gestion de la COVID-19.
Leçons initiales retenues
- La mobilisation, le déploiement et le retrait des équipes d’urgence durant une pandémie nécessitent des mesures de préparation et une capacité de gestion spécifiques pour atteindre les objectifs de la mission tout en en assurant la diligence.
- La communauté humanitaire devrait explorer des modèles de coordination qui viennent compléter l’approche sectorielle/cluster établie dans des environnements urbains apparaissant soudainement et qui nécessitent une coordination locale spécifique à la complexité des environnements urbains et aux vulnérabilités des populations. À titre d’exemple, au Liban, OCHA a apporté un soutien à des bureaux d’aide sur le terrain, dirigé par des ONG intervenant dans différents quartiers. Ces ONG étaient à l’écoute des caractéristiques spécifiques à chaque quartier concernant notamment les capacités, les besoins et les vulnérabilités des populations, la gouvernance et les structures de pouvoir locales.
- Le rapide déploiement (UNDAC) s'est combiné aux capacités et à l'expertise de différentes organisations internationales et de différents réseaux internationaux en permettant ainsi une rapide coordination. À titre d’exemple, l’UNDAC a établi depuis longtemps un partenariat avec l’Unité conjointe PNUE/OCHA pour l’environnement, qui a permis à des experts en environnement d’être le plus rapidement possible sur le terrain. Cette approche doit être explorée et renforcée avec d’autres réseaux de réponse (par exemple, des réseaux privés) et l’IASC.
Informations complémentaires
Source: UNDAC
Source: INSARAG