Avant même la pandémie de COVID-19, les statistiques sur la santé mentale étaient sévères : environ la moitié des problèmes de santé mentale commencent vers l’âge de 14 ans et le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans. « les personnes ayant de graves problèmes mentaux meurent de 10 à 20 ans plus tôt que la population générale ». Il y a moins d’un spécialiste de la santé mentale pour 10 000 personnes dans le monde.
La situation est encore plus désastreuse dans les zones de conflits où une personne sur cinq (22 %) est atteinte d’une forme de désordre mental allant de la dépression légère à l’anxiété et la psychose. Ce chiffre est plus du double de celui pour la population générale. La pandémie de COVID-19 a exacerbé la menace pour la santé mentale. La peur du virus se propage plus rapidement que le virus lui-même. Et l’adversité créée par le virus comme, par exemple, la perte des moyens de substance, les mesures de confinement, la perte de la famille et d’amis, les changements des routines et le manque de scolarisation, est un facteur de risque pour les problèmes de santé mentale et psychosociaux à court et à long terme. La pandémie et les mesures prises pour la contenir ont des conséquences psychosociales et pour la santé mentale dans tous les pays, en particulier dans les environnements humanitaires où les ressources pour la santé mentale et le soutien psychosocial sont rares ou inexistantes.
En octobre 2020, près des trois-quarts des services de santé mentale dans les écoles et sur les lieux de travail étaient totalement ou partiellement perturbés. Et pourtant, les demandes de soutien psychosocial et à la santé mentale ont augmenté en raison de la pandémie : dans le nord-ouest de la Syrie, le nombre de nouveaux patients à Idlib et ses environs ayant fait l’objet de consultations pour la santé mentale en avril et en mai était deux fois plus élevé qu’au même moment, l’année dernière. Les dernières évaluations en Jordanie indiquent que 41 % de toutes les personnes interrogées ont fait état d’un impact négatif sur le bien-être de leurs enfants en raison de la crise de la COVID-19 et du couvre-feu.
Le manque de financement menace la capacité des pays à mettre en œuvre des plans de soutien psychosocial et à la santé mentale. Dans une enquête de l’OMS effectuée dans 116 pays, 89 % d’entre eux ont rapporté que la réponse au soutien psychologique et à la santé mentale était inscrite dans leur plan national de réponse à la COVID-19. Toutefois, seulement 17 % de ces pays avaient pleinement affecté un financement supplémentaire dans le budget de leur gouvernement à ces plans et 47 % ont répondu avoir alloué un financement partiel.
La santé mentale est aujourd’hui incluse à la fois comme un élément de la programmation humanitaire pour répondre aux besoins et comme une composante centrale de l’obligation des organisations humanitaires envers leur personnel. En réponse à la pandémie de COVID-19, l’IASC a publié de nombreux documents sur la santé mentale et le soutien psychosocial (MHPSS). Ils vont de conseils sur les compétences psychosociales de base des intervenants à un livre aidant les enfants à comprendre les diverses émotions qu’ils peuvent éprouver en raison de la COVID-19. Pour la première fois, certaines de ces ressources sont devenues disponibles dans plus de 100 langues locales, en Braille, en langage des signes, en audio et sous forme d’animations pour améliorer l’accès des personnes souffrant de handicaps sensoriels.
Réfugiés Rohingya : Un enfant peut-il guérir le traumatisme d’un autre ?
L’absence d’investissement dans le MHPSS aura des conséquences dévastatrices dans l’avenir. Des millions de dollars pourraient être perdus par suite de la réduction de la productivité et des coûts des soins de santé dus aux problèmes mentaux. Les enfants et les jeunes auront de moins bons résultats scolaires et subiront une diminution de leur développement cognitif et une augmentation persistante de leurs problèmes de santé mentale. Leur besoin de soins à vie pourrait réduire le potentiel de la prochaine génération de soutien au relèvement économique.
Certaines des avancées les plus importantes dans le développement de services de santé mentale au cours des 20 dernières avancées sont survenues suite à des situations d’urgence ayant fait appel à une volonté politique appropriée. Celles qui ont été élaborées ou adaptées dans le cadre de la réponse à la COVID-19 – comme l’utilisation de la télémédecine pour les consultations en ligne ou l’augmentation des messages communautaires pour le bien-être mental – devraient être intensifiées et poursuivies.
Informations complémentaires
Source: UNSDG
Notes
- Nations unies, Note d’information : la COVID-19 et la nécessité d’une action sur la santé mentale, mai 2020
- Charlson, van Ommeren, Flaxman, Cornett, Whiteford, Saxena, New WHO prevalence estimates of mental disorders in conflict settings: a systematic review and meta-analysis, The Lancet, 11 June 2019
- OMS, Impact de la COVID-19 sur les services de santé mentale, neurologiques et de toxicomanie (p 9), 5 octobre 2020
- PAM, UNICEF et UNHCR, Évaluation multisectorielle rapide des besoins : la COVID-19 en Jordanie, mai 2020
- OMS, Impact de la COVID-19 sur les services de santé mentale, neurologiques et de toxicomanie, 5 octobre 2020
- IASC, Santé mentale et soutien psychosocial – Ressources pour la COVID-19, 2020
- IASC, Lignes directrices de l’IASC sur les compétences psychosociales de base – guide des intervenants dans la COVID-19, 11 mai 20200
- IASC, Mon héroïne c’est toi – livre de contes pour les enfants sur la COVID-19, 31 mars 2020
- IASC, Adaptation de « Mon héroïne d’est toi ! » – initiatives au niveau des pays, 31 mars 2020
- Nations unies, Note d’information : la COVID-19 et la nécessité d’une action sur la santé mentale, mai 2020