La dernière décennie a été la plus chaude jamais enregistrée. Le changement climatique continue de compliquer les efforts de la réponse humanitaire. Le temps de plus en plus rigoureux et le nombre croissant de catastrophes naturelles exacerbent les vulnérabilités chroniques.
En 2019, 396 catastrophes naturelles ont été rapportées, soit un nombre supérieur à la moyenne annuelle des 10 dernières années (343 catastrophes annuelles). Elles ont tué 11 755 personnes, affecté près de 95 millions d’autres et causé des pertes d’environ 150 milliards de dollars. Les catastrophes naturelles ont causé 24,9 millions de nouveaux déplacements en 2019, le chiffre le plus élevé enregistré depuis 2012. Au 30 juin 2020, 9,8 millions de personnes avaient été nouvellement déplacées par des catastrophes. Ce chiffre devrait augmenter dans la mesure où des déplacements doivent être comptés depuis les grandes inondations en Asie et dans la région du Sahel et la saison des typhons en Asie de l’Est et dans le Pacifique.
Catastrophes par type (1980-2019)
Le changement climatique et les événements météorologiques extrêmes sont les principales causes de la récente augmentation de la faim et de l’insécurité alimentaire dans le monde. En 2019, 34 millions de personnes ont souffert d’une insécurité alimentaire aiguë, due à des conditions météorologiques – une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente. Ces chiffres devraient augmenter dans la mesure où plus de 80% des personnes souffrant le plus d’insécurité alimentaire dans le monde vivent dans des pays sujets à des catastrophes. Des essaims de criquets pèlerins, déclenchés par des conditions météorologiques inhabituelles, menacent des zones étendues de pâturages et de cultures dans la Corne de l'Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. La flambée acridienne de 2020 a été la pire infestation depuis 25 ans en Somalie et en Éthiopie, et depuis 70 ans au Kenya.
Le changement climatique affecte de manière disproportionnée les défavorisés et les vulnérables. Les enfants représentent près de la moitié des personnes touchées par des catastrophes et les femmes et les filles n’ont souvent pas accès à des ressources et à des avoirs pour faire face aux catastrophes. Les personnes vivant dans la pauvreté, les autochtones et les petits propriétaires terriens sont de plus en plus vulnérables en raison du niveau élevé de dépendance de leurs revenus à l’agriculture, à la pêche et aux écosystèmes. L’agriculture, un secteur vital dans les pays les plus pauvres, est la plus affectée par les changements climatiques qui menacent les recettes d’exportation, les moyens de subsistance, les sources de revenus et la sécurité alimentaire.
Changement climatique
Les personnes prises dans des crises humanitaires faisaient déjà partie des plus vulnérables aux impacts du changement climatique. Elles subissent aujourd’hui des pressions encore plus fortes en raison des effets secondaires de la COVID-19, tels que la perte des moyens de subsistance, la diminution des capacités à faire face aux chocs et à l’augmentation de l’insécurité alimentaire. En 2020, 8 des 10 pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique faisaient également l’objet d’un appel humanitaire inter-organisations. Tous ces pays faisaient partie de ceux risquant le plus d’être exposés aux impacts de la COVID-19 ainsi que l’a déterminé l’Indice des risques INFORM COVID-19.
INFORM Risk Index: Risque et exposition par rapport à Manque de capacité d’adaptation
Les restrictions de mobilité dues à la COVID-19 ont des effets inattendus sur les systèmes mondiaux d'observation météorologique. La limitation des activités cruciales d’observation et de mesure a affecté la qualité des prévisions et d’autres services météorologiques liés au climat et aux océans en risquant ainsi de compromettre les systèmes météorologiques d’alerte. La réduction des observations aérienne de 75 à 80% en moyenne en mars et en avril 2020 a dégradé les capacités de prévision des modèles météorologiques. Les observations des stations météorologiques à commande manuelle, en particulier en Afrique et en Amérique du Sud, ont été également gravement perturbées. En mars 2020, presque tous les navires de recherche océanographique ont été rappelés à leur port d’attache. Quatre enquêtes océanographiques approfondies sur des variables comme le carbone, la température, la salinité et l’alcalinité de l’eau, effectuées une fois tous les dix ans ont été annulées. La plus grande faiblesse des observations météorologiques pourrait impacter sur les alertes climatiques qui protègent les vies et les biens en augmentant ainsi la vulnérabilité des personnes déjà vulnérables au changement climatique.
Informations complémentaires
Source: WMO
Source: CRED / UNDRR
Source: WMO
Notes
- Organisation météorologique mondiale, Déclaration sur l’état du climat dans le monde en 2019
- À l’exclusion des épidémies et des infestations d’insectes ; Centre de recherche sur l'épidémiologie des catastrophes, Bilan de l’année en cas de catastrophes (2019)
- Munich RE Natural disasters in 2019
- Centre de suivi des déplacements internes, Rapport mondial sur les déplacements internes 2020, 28 avril 2020
- Centre de suivi des déplacements internes, Déplacements internes 2020 : mise à jour de la mi-année, 23 septembre 2020
- Réseau d’information sur la sécurité alimentaire, Rapport mondial sur les crises alimentaires 2020 – Analyse conjointe pour de meilleures décisions, 21 avril 2020
- Programme alimentaire mondial, 14 faits liant le climat, les catastrophes et la faim
- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Appels de la FAO à un soutien urgent à la lutte contre l’aggravation de la recrudescence des criquets pèlerins dans la Corne de l’Afrique, 30 janvier 2020
- FICR, Nous devons faire mieux, Dossier d’information pour améliorer les lois et les réglementations visant à protéger les enfants dans les catastrophes
- PNUE, ONU Femmes, DPPA, PNUD : Genre, climat et sécurité : soutenir une paix inclusive en première ligne du changement climatique
- UNDESA, Rapport social mondial 2020 : Inégalités dans un monde changeant rapidement
- Banque mondiale, Ondes de choc : gestion des impacts du changement climatique sur la pauvreté
- Comme déterminé par Notre Dame Global Adaptation Initiative, Université de Notre Dame
- Afghanistan, Haïti, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Somalie, Soudan, Tchad,
- OMM Unis dans la science 2020, septembre 2020